mercredi

Gustav Leonhardt est mort


Ce concert il y a quelques années aux Blancs-Manteaux...

Il est sorti du déambulatoire, d’outre-Bach, semblait glisser sur coussins d’air, assez irréel* avec ses cheveux blancs et ses mitaines noires. Il nous emmenait très loin sur un clavecin d’une gravité somptueuse, chatoyante, un velours, vers JSB mais aussi ces petits maîtres du XVIIIème exhumés des poussières, au grand dam parfois des critiques les jugeant trop légers pour l’interprète. Puis on se tordait le cou pour voir sa tête s’encadrer dans la lucarne de l’orgue et imperturbable, saluer l’assemblée après le remplissage de la nef de volutes, de sons devenus masses, d’harmonies cristallisées dans l’espace et nos cerveaux. Et le cérémonial se poursuivait, désincarné et vibrant, toute en intériorité, tout en communion.

*en cela, il me rappelait Couve de Murville entraperçu trente ans plus tôt !